En 2018, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU (Organisation des Nations Unies) faisait la déclaration suivante : « Si nous ne changeons pas d’orientation d’ici 2020, nous risquons de manquer notre chance d’éviter les conséquences désastreuses de la crise climatique. ». Sans vouloir mettre une mauvaise ambiance, on est d’accord que le temps manque et que les incendies australiens sont une piqûre de rappel dont on se serait bien passée. Sur ce blog, on n’est pas du genre à baisser les bras et à s’apitoyer sur notre sort, mais plutôt à remonter nos manches pour relever « le plus grand défi de ce siècle » (soyons ambitieux·ses). Alors pour ce début d’année, on s’intéresse à un temps fort de la vie politique française : les élections municipales 2020. Car si la sphère politique semble un peu à la ramasse en terme d’environnement, l’échelle locale pourrait bien être un excellent levier d’action.

Les territoires plus engagés que les États

Depuis des années, les COP (conférences internationales sur le climat) s’enchaînent et se ressemblent, comme autant d’échecs et d’occasions manquées d’être à la hauteur de la crise climatique. Au niveau national, l’écologie semble être une des grandes absentes et aucune action forte n’a encore vue le jour…c’est plutôt même l’inverse. Sèche tes larmes, il reste encore un levier d’action : celui du territoire.  Le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) rappelait d’ailleurs dès 2013 que c’est au niveau local que se trouvent 50 à 70% des solutions pour le climat. Ouf !

Les villes françaises sont responsables de plus de 60% des émissions de gaz à effet de serre nationales. Celles-ci sont notamment liées aux bâtiments, à l’industrie, aux transports et à l’agriculture. Autant de domaines dans lesquels les communes peuvent agir. Certaines villes, avec des maires ambitieux et débordants d’idées innovantes, n’ont d’ailleurs pas attendu 2020 pour mettre en place des mesures concrètes.

Des villes pionnières

Si tu suis l’actualité, tu as peut-être entendu parler de l’arrêté municipal de la maire de Rennes. Cette dernière a pris une décision exemplaire en interdisant les chauffages en terrasse des bars au nom de l’urgence climatique. Non seulement sa prise de position a eu un fort retentissement dans les médias, mais elle a aussi poussé d’autres villes, comme Bordeaux, Lille ou encore Paris, à y réfléchir.

Rennes n’est pas la seule a avoir pris des décisions fortes et ambitieuses en matière d’environnement. D’autres villes françaises sont également devenues des laboratoires de la transition climatique :

Langouët : le village breton 100% écolo

Cantine bio et locale, jardins de formation à la permaculture, café associatif, voiture électrique partagée : Daniel Cueff, le maire de Langouët, multiplie les projets environnementaux depuis vingt ans. Tu as peut-être entendu parler de lui récemment, car il a fait la une des journaux avec son arrêté anti-pesticides qui a été suspendu par le tribunal administratif. 90 maires ont suivi son exemple et d’autres communes, comme Gennevilliers, ont par la suite vu leur arrêté anti-pesticides validés « au nom du danger grave pour les populations exposées ».

Grande-Synthe : test du revenu de transition écologie

Cette ville proche de Dunkerque a mis en place un dispositif jamais-vu ailleurs : le revenu de transition écologique (RTE). Il s’agit d’une aide financière et d’un accompagnement pour toutes les personnes qui ont une activité avec un impact environnemental et social positif. Une bonne façon de donner un coup de pouce aux habitants qui veulent se lancer (comme, par exemple, un agriculteur qui veut passer en bio ou un boulanger qui veut changer ses pratiques).

Grenoble : championne de la mobilité douce

Vitesse réduite à 30km/h en ville, développement des pistes cyclables, installation de bornes pour regonfler ses pneus de vélo, baisse des prix des transports en commun : les habitants de Grenoble veulent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre par quatre d’ici 2030. Le dernier projet fou en date est celui d’un « métro câble » pour se déplacer par les airs.

Correns : village entièrement bio

Élection municipales 2020 : c’est le moment d’agir pour le climat

Le mandat des maires qui vont entrer en fonction, de 2020 à 2026, est l’un des derniers à être vraiment utile pour faire cette transition écologique. […] En 2030, il sera trop tard. 

Fabrice Boissier

Délégué général à l’ADEME

Tu l’auras compris, les villes sont un échelon où les lignes peuvent bouger concernant le climat. Mais ce n’est pas tout, 2020 est également une année charnière. Il s’agit du dernier mandat pour le climat. En effet, la dead line donnée par le GIEC est l’année 2030. D’ici là, on a plutôt intérêt à réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre, sinon, ça risque de chauffer. Plusieurs organisations l’ont bien compris et se sont mobilisées de manière importante pour verdir les programmes des candidats :

L’ADEME

En novembre dernier, l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) a publié un guide pour les candidats aux élections municipales intitulé Transformer mon territoire avec les habitants. L’ADEME considère en effet que le maire est un acteur clé de la transition écologique de par sa proximité avec les citoyens et les compétences qu’il détient. Pour encourager les futurs élus, l’agence propose une liste de 20 fiches pratiques abordant des thématiques du quotidien (déplacements, logements, alimentation, nature en ville, zéro-déchets, etc.). Chacune contient des chiffres clé, des pistes d’actions et des exemples de solutions déjà mises en oeuvre ailleurs en France.

Le Réseau Action Climat

Avec une soixantaine d’ONG, le Réseau Action Climat a lancé le Pacte pour la transition qui comprend 32 mesures concrètes pour une transition locale.

En février, le Réseau Action Climat va publier un décryptage des programmes des candidat·e·s aux élections municipales dans les 10 villes françaises qui émettent le plus de gaz à effet de serre : Paris, Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Nice, Strasbourg et Rouen. Une bonne façon pour t’informer si jamais tu habites dans l’une d’elles !

À ton niveau, tu as aussi la possibilité d’agir. Parce que même si tu ne t’es jamais vraiment intéressé·e à la politique, l’enjeu est aujourd’hui de taille. De plus, cette thématique transcende tous les camps, toutes les étiquettes. L’écologie est une cause commune qui va au-delà de nos préférences politiques et peut (doit ?) faire partie des priorités de tous les candidats. À ton échelle, voilà les actions que tu peux faire en fonction de tes possibilités et de ton niveau d’engagement :

☝🏼 Pour tout le monde :

  • Renseigne-toi sur les programmes des candidats de ta ville. Parce que voter au pif, sans avoir jamais regardé les programmes des candidats, ça ne sert franchement à rien. Et si tu ne veux pas lire un long document, tu as souvent une version résumée, des tracts dans le centre-ville et sur les marchés, des débats à la radio ou à la TV, voire des articles dans les journaux locaux qui comparent les différents candidats.
  • Organise-toi pour pouvoir aller voter. Pour t’aider, on a fait une check-list à la fin de cet article.

👌🏼 Pour celles et ceux qui aimeraient s’impliquer plus :

  • Parle des municipales et de l’enjeu écologique de ces élections à tes proches et sur les réseaux.
  • Rejoins un groupe local qui cherche à encourager les candidats à prendre des mesures ambitieuses pour le climat. Il y a notamment cette carte des groupes locaux de la campagne Alternatives Territoriales (Réseau Action Climat avec Alternatiba et ANV-COP21).
  • Rends-toi à la permanence ou à une réunion du candidat que tu soutiens. Tu pourras échanger avec les militants, voire avec le candidat et/ou ses co-listiers, et aborder les problématiques environnementales qui te tiennent à coeur. Ce sera également l’occasion de demander comment te rendre utile et de participer, pour la première fois peut-être, à une campagne électorale.

✅ Check-list pour les élections

  • Inscris-toi sur les listes électorales avant le 7 février.
  • Bloque les dates des élections municipales, le 15 et le 22 mars 2020, dans ton agenda. N’hésite pas à te mettre une alarme, un rappel ou n’importe quoi d’autre pour ne pas oublier le jour J.
  • Anticipe. Tu n’es pas dispo à ces dates ? Fais une procuration à un proche de confiance qui est dans le même bureau de vote que toi (ou pas trop loin). Ça prend seulement quelques minutes en ligne (il faudra juste aller la signer au commissariat du coin).

🗳 Bon à savoir : tu n’as pas besoin de ta carte d’électeur pour voter. Une carte d’identité ou un passeport fera l’affaire.